Hypothyroïdie : Mélatonine, posologie et précautions à prendre

3 juin 2025

Un cachet discret, avalé le soir, et tout un équilibre peut vaciller. Voilà le dilemme silencieux qui se pose à ceux dont la thyroïde tourne au ralenti. L’hypothyroïdie fatigue, use, épuise. Et lorsque le sommeil se dérobe, la mélatonine, star déchue ou miracle annoncé, s’invite dans la partie. L’espoir d’un repos profond, sans le tumulte des nuits blanches, pousse à tenter l’aventure du « complément naturel » — mais la route n’est pas sans embûches.

Derrière la promesse d’un endormissement sans effort, la prudence doit reprendre ses droits. Car la mélatonine, malgré son image rassurante, n’est pas une solution universelle. Dosage, interactions, douleurs inattendues : chaque détail compte, surtout quand l’équilibre hormonal est déjà fragile.

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Hypothyroïdie et mélatonine : ce que dit la recherche

Depuis que la mélatonine s’est invitée dans les pharmacies, les patients souffrant d’hypothyroïdie scrutent ses promesses. Synthétisée par notre cerveau sous le nom de méthoxytryptamine, cette hormone du sommeil calibre nos rythmes circadiens, précieux allié des voyageurs en proie au décalage horaire. Mais quand la thyroïde ralentit, que peut-on vraiment espérer de ce supplément ?

Les études dressent un tableau nuancé. Malgré un traitement substitutif bien ajusté, le sommeil des personnes hypothyroïdiennes vacille souvent : nuits hachées, réveils multiples, difficultés à s’endormir. Plusieurs recherches se sont penchées sur l’apport d’une supplémentation en mélatonine, sous forme de complément alimentaire ou de médicament (Circadin pour les troubles liés à l’âge). Résultat : l’efficacité varie d’un individu à l’autre. Certains retrouvent le chemin du sommeil, d’autres restent sur le quai. Tout dépend du type de trouble : insomnie d’endormissement, réveils nocturnes, ou dérèglement du cycle veille-sommeil.

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  • La mélatonine en complément alimentaire (doses habituelles : 1 à 2 mg) vise les besoins ponctuels, notamment lors de décalages horaires.
  • La forme à libération prolongée cible les troubles persistants, mais son utilité précise chez les personnes hypothyroïdiennes reste à approfondir.

Un point fait consensus : la mélatonine ne corrige pas l’hypothyroïdie. Elle soulage parfois les symptômes nocturnes, pas la cause. Imaginez-la plutôt comme une béquille pour les nuits difficiles, pas comme un remède au dérèglement thyroïdien.

Faut-il prendre de la mélatonine quand on souffre d’hypothyroïdie ?

La prise de mélatonine par les personnes hypothyroïdiennes divise la communauté médicale. Quand les nuits restent courtes malgré une thyroïde supplémentée, la tentation du comprimé du soir est forte. Pourtant, la question du rapport bénéfice/risque ne doit jamais être évacuée.

Pour ceux dont l’hypothyroïdie s’inscrit dans un contexte auto-immun (Hashimoto, par exemple), la vigilance s’impose. La mélatonine agit sur le sommeil, certes, mais aussi sur le système immunitaire : un paramètre à ne pas négliger face aux maladies inflammatoires auto-immunes. Les études ne tranchent pas, faute de recul suffisant sur l’innocuité dans ces situations.

Les femmes enceintes ou allaitantes doivent s’abstenir. Aucune donnée solide ne garantit la sécurité pour le bébé. Même prudence chez les personnes atteintes d’épilepsie, d’asthme ou de troubles de l’humeur : là aussi, consultation spécialisée incontournable avant toute tentative.

  • Prendre l’avis d’un professionnel de santé reste la règle avant toute prise de mélatonine en cas d’hypothyroïdie.
  • L’approche doit rester personnalisée, en tenant compte du vécu, des antécédents et des spécificités de chacun.

Jamais la mélatonine ne remplacera le traitement de fond de l’hypothyroïdie. Au mieux, elle s’utilise ponctuellement, sous surveillance, pour accompagner une période difficile. Pas question de bricoler seul, ni de prolonger l’expérience sans filet médical.

Posologie recommandée : ce qu’il faut savoir pour un usage adapté

La posologie de la mélatonine n’a rien d’universel. Elle dépend du patient, du type de produit, et du trouble du sommeil ciblé. En France, elle existe en compléments alimentaires et sous forme de médicament (Circadin), ce dernier étant soumis à prescription.

Pour les compléments alimentaires, la dose classique est de 1 mg par comprimé. Cette présentation vise les adultes confrontés à des difficultés passagères : décalage horaire, difficultés à s’endormir. Les recommandations invitent à ne pas dépasser 2 mg/jour, et toujours sous regard médical pour éviter les mauvaises surprises.

Les formes à libération prolongée (Circadin) démarrent à 2 mg le soir, une à deux heures avant le coucher. Elles ciblent avant tout les plus de 55 ans souffrant de troubles chroniques. L’ajustement, si besoin, relève du médecin, qui jugera en fonction du ressenti et de la qualité du sommeil retrouvée.

  • Choisissez une heure fixe pour la prise, ne dépassez jamais la dose maximale.
  • Laissez passer quelques jours entre deux cures pour éviter l’installation d’une accoutumance insidieuse.

La vigilance devient impérative chez celles et ceux déjà traités par hormones thyroïdiennes. Les interactions existent, parfois sournoises. Autre défi : la variabilité des dosages dans les compléments du commerce. Privilégiez des produits traçables, aux dosages vérifiés, pour éviter les mauvaises surprises.

mélatonine santé

Effets indésirables, interactions et précautions à ne pas négliger

La mélatonine traîne une réputation de complément sûr, mais gare à la légèreté. Les effets indésirables ne sont pas rares, surtout chez les personnes dont la thyroïde vacille. Douleurs abdominales, nausées, parfois vomissements ou troubles digestifs, entrent dans la danse. Certains signalent aussi une somnolence persistante en journée, des maux de tête, voire un léger flottement au réveil.

L’association avec d’autres médicaments — notamment la lévothyroxine — mérite une attention particulière. La mélatonine n’est pas neutre avec les antidépresseurs, anticoagulants, ou immunosuppresseurs : elle peut modifier leur action, accentuer ou atténuer leurs effets.

  • La prise de lévothyroxine impose une surveillance accrue lors de l’ajout de mélatonine.
  • L’automédication, surtout en cas de maladie auto-immune, d’épilepsie, d’asthme ou de troubles de l’humeur, reste une voie risquée.

Les compléments alimentaires à base de mélatonine doivent être évités par les femmes enceintes ou allaitantes, faute de certitudes sur leur innocuité. Quant à l’utilisation prolongée, les retours restent trop rares pour s’avancer sur l’absence de risques à long terme.

Dernier piège : l’arrêt brutal peut déclencher un effet rebond, ramenant les nuits blanches à la case départ. S’en remettre à son médecin, ajuster le rythme, écouter son corps : voilà le trio gagnant pour apprivoiser la mélatonine sans y perdre le sommeil, ni l’équilibre hormonal.

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