Aucune immunité durable n’existe après une infection naturelle par Vibrio cholerae. Deux vaccins oraux sont recommandés par l’Organisation mondiale de la santé pour limiter les flambées, mais leur efficacité varie selon l’âge, le niveau d’exposition et le schéma vaccinal retenu. L’accès à ces vaccins reste inégal, alors que des épidémies sévissent encore régulièrement dans certaines régions du monde.
Les symptômes du choléra évoluent rapidement et requièrent une prise en charge médicale immédiate. La prévention passe par l’amélioration de l’accès à l’eau potable, l’hygiène et la vaccination ciblée lors des situations à risque.
Plan de l'article
Le choléra aujourd’hui : comprendre une menace toujours présente
Le choléra ne relâche pas la pression. Loin d’avoir disparu, ce fléau infectieux continue de frapper là où les systèmes de santé peinent à garantir l’accès à l’eau propre et à l’assainissement. La bactérie Vibrio cholerae, principalement des sérogroupes O1 et, plus rarement, O139, se propage avec une efficacité redoutable, portée par sa capacité à injecter une toxine qui provoque des pertes hydriques massives. La lignée El Tor, encore dominante, n’a cessé de s’adapter, générant la 7e pandémie et des résurgences imprévisibles.
Le mode de transmission est limpide : l’eau ou la nourriture contaminées, ou un contact féco-oral dans des environnements où l’hygiène fait défaut. À Mayotte, en Haïti, au Yémen, en Guinée ou au Bangladesh, les flambées récentes rappellent l’ampleur du défi. L’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine restent les principaux terrains où le choléra s’installe durablement.
Les plus fragiles, enfants, personnes âgées, humanitaires, voyageurs, paient un lourd tribut. En France, le Centre national de référence Vibrions et Choléra de l’Institut Pasteur surveille sans relâche, tandis que l’OMS et le GTFCC pilotent les ripostes internationales. La persistance du choléra expose chaque faille dans l’accès à l’eau potable et l’hygiène, soulignant l’urgence d’une protection collective efficace.
Reconnaître les symptômes et agir rapidement face à la maladie
Dès qu’un patient contracte le choléra, la situation peut s’aggraver en quelques heures. La maladie commence par une diarrhée aiguë, caractérisée par des « selles en eau de riz », suivie de vomissements. Très vite, la perte d’eau et de sels minéraux devient critique. Chez les enfants ou les personnes âgées, la déshydratation progresse à une vitesse alarmante : bouche sèche, soif intense, yeux enfoncés, pouls rapide.
Identifier les signaux d’alerte sans tarder fait toute la différence. Voici les principaux symptômes à surveiller :
- Diarrhée liquide, soudaine et abondante
- Vomissements répétés
- Signes de déshydratation : soif, bouche sèche, yeux enfoncés, pli cutané persistant
- Fatigue intense, troubles de la conscience en phase avancée
Le diagnostic s’appuie sur l’analyse des selles. La culture permet d’isoler Vibrio cholerae, tandis que la PCR affine la détection. Dans les zones à risque, il n’est pas question d’attendre le résultat des analyses pour commencer la réhydratation : c’est la première urgence. Plus l’intervention est rapide, plus les chances de survie augmentent, notamment chez les plus fragiles.
Quels traitements et mesures de prévention pour limiter les risques ?
En cas de choléra, la priorité est claire : réhydrater rapidement, par voie orale ou intraveineuse selon la gravité. Cette intervention simple sauve des vies, car le manque de liquides et d’électrolytes peut devenir fatal très vite. Pour les cas les plus graves, l’administration intraveineuse s’impose sans délai. Chez l’enfant, chaque minute compte.
Dans certains cas, les antibiotiques jouent un rôle pour réduire la durée de la maladie et limiter la propagation. Mais face à la multi-résistance de certaines souches, ils ne sont prescrits que sous contrôle médical, en ciblant les cas où ils sont susceptibles d’apporter un réel bénéfice.
La prévention repose d’abord sur des gestes simples : accès à une eau potable, assainissement, hygiène alimentaire rigoureuse. Dans les camps de réfugiés ou les quartiers défavorisés, l’expérience montre que la distribution d’eau propre et la surveillance sanitaire réduisent le risque de flambée épidémique. Quand le contexte l’exige, la vaccination vient compléter ce dispositif, notamment pour les groupes les plus exposés : enfants, personnes âgées, voyageurs, humanitaires.
Les stratégies de l’OMS s’appuient sur la combinaison de la prévention, de la surveillance et d’une intervention rapide en cas d’alerte. Cette approche globale a permis d’endiguer plusieurs flambées, mais la vigilance reste de mise.
Vaccins contre le choléra : efficacité, accès et conseils pour une protection optimale
Les vaccins oraux contre le choléra occupent une place de choix dans la lutte contre les épidémies et la circulation persistante du Vibrio cholerae dans de nombreuses régions endémiques. Quatre vaccins sont aujourd’hui préqualifiés par l’OMS : Dukoral, Shanchol, Euvichol, Euvichol-S. À ceux-ci s’ajoute Vaxchora, un vaccin vivant atténué principalement destiné aux voyageurs.
Le niveau de protection varie selon le vaccin choisi, le schéma suivi, l’âge ou l’état immunitaire. Les vaccins inactivés, administrés généralement en deux doses, offrent une protection comprise entre 60 % et 85 % durant les six premiers mois. Cette efficacité diminue au fil du temps, mais reste notable jusqu’à deux ans pour les adultes. Shanchol et Euvichol, pensés pour les campagnes de masse, se distinguent par leur stabilité, leur facilité d’administration et leur coût abordable.
L’accès à ces vaccins dépend de la situation : vaccination d’urgence lors d’une épidémie, prévention dans les zones exposées, ou protection individuelle pour les voyageurs. L’OMS gère, avec ses partenaires, un stock mondial disponible en cas de besoin, en lien avec Gavi et Médecins Sans Frontières. Pour les enfants, les personnes âgées ou les équipes humanitaires, la vaccination reste un complément à l’hygiène, jamais un substitut.
Il existe quelques contre-indications : allergies connues ou déficit immunitaire pour les vaccins vivants. La vaccination n’exonère pas des gestes quotidiens : boire une eau sûre, se laver les mains, s’assurer de la sécurité des aliments. Avant toute vaccination anticholérique, il faut tenir compte du contexte épidémiologique local et s’appuyer sur les recommandations des autorités sanitaires.
Le choléra ne fait pas de pause. À chaque crise, il rappelle la nécessité de solutions collectives, d’engagements durables et d’une vigilance de chaque instant. Rester protégé, c’est choisir la prévention et la solidarité, face à une maladie qui, elle, n’attend pas.


